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Crédit : eligagnon/Instagram |
Au quotidien, avec mes amis Québécois, mon vocabulaire est un (presque vulgaire) mélange de français et d’expressions anglaises, à un point tel que lorsque j’étais au Québec, plusieurs personnes me demandaient si j’étais anglophone. Oups. Eh bien non, je ne suis pas une anglophone et j’ai appris en écoutant la télé et la musique. Je me suis toujours très bien débrouillée dans cette langue. Écouter un film traduit en français m’irrite au plus haut point. Je comprends les références humoristiques anglaises et je les rie de bon coeur. Je rédige même des articles en anglais à mon travail.
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Crédit : eligagnon/Instagram |
Pourtant, après sept mois, j’ai encore un énorme bloquage quand vient le temps de parler ce second langage. Je dois constamment interrompre mes phrases car je cherche ce que je veux dire. J’oublie les mots les plus simples, comme plancher, couteau ou savon. Je bégaie pour prononcer certaines choses. Moi qui a normalement un sens de la répartie plutôt cinglant, je perds tous mes moyens et ma personnalité en anglais. Je ne suis, évidemment, plus trop drôle. Je ne suis plus l’employée intéressante à qui on veut piquer une jasette à la machine à café. Je dois régulièrement répéter ce que je veux dire plusieurs fois dans ma tête avant de le dire à voix haute, et souvent, ça sort tout croche quand même.
Ça me frustre. Je me sens impuissante devant ce blocage qui est injustifié, parce que parler anglais, je le fais depuis plus d’une décennie. Je me parle à moi-même en anglais. J’invente des discussions et j’argumente seule. Je m’imagine être une invitée au talkshow de Jimmy Fallon et je lui jase de ma vie et du grammy imaginaire que j’ai gagné la semaine dernière (j’ai toujours rêvé d’être chanteuse huhuhu), sans aucun problème.
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Crédit : Giphy |
Au départ, je croyais que c’était de la nervosité et du stress; changer de pays et parler une autre langue, en côtoyant tout plein d’accents différents, ça peut en déstabiliser plus d’un! Mais là, après sept mois; ça fera, la déstabilisation. Est-ce que j’ai atteint mon potentiel maximum? Est-ce que je ne suis plus capable d’en apprendre plus en anglais? Est-ce que le tiroir d’apprentissage d’anglais dans mon cerveau est plein? Peut-être que je ne tiens pas assez souvent de réelles discussions avec des anglos? En même temps, je suis tellement gossante à chercher mes mots tout le temps, même moi, je ne voudrais pas me jaser trop longtemps, si j’étais British. Ça m’angoisse et ça m’attriste à la fois et je ne sais pas quoi faire de plus que ce que je fais tous les jours, c’est-à-dire vivre en anglais.
Comprenez-vous ce que je vis? Est-ce que vous avez des trucs?
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