SOCIAL MEDIA

mardi 14 novembre 2017

Sleepless in London

Crédit : Elisabeth Gagnon/Instagram

J’ai l’impression que je ne fais que m’excuser d’espacer mes billets de blog à chaque fois que je commence un article depuis septembre et chaque fois, ça me donne des maux d’estomac et je cesse d’écrire. Je n’ai pas envie de m’excuser à nouveau, mais en même temps, je sais que vous êtes plusieurs à me suivre et je vous dois tout de même des explications.

Alors voici; je souffre d’anxiété assez sévèrement, comme j’en avais brièvement parlé ici. D’ailleurs, à la lecture de ce billet, une amie m’avait dit que j’aurais dû élaborer un peu plus sur la situation, sur mes émotions et sur mes crises, mais je ne voulais pas en faire un sujet important sur mon blog. J’avais aussi déjà partagé comment l’anxiété m’affectait au quotidien dans cet article de Ton Petit Look et je croyais avoir fait le tour de la question. Cependant, avec mon long silence radio durant le dernier mois, sur le blog et sur la page Facebook, je pense qu’il est temps de m’ouvrir un peu plus et de vous jaser de comment je vis tout ça dans ma nouvelle vie sur le vieux continent. 

Crédit : Todd Diemer/Unsplash


52 heures/semaine


Comme je vous en avais parlé, j’ai maintenant un emploi de serveuse, tout près de la gare King’s Cross (et à environ une heure de chez moi). Au départ, je croyais travailler dans la succursale se trouvant dans mon quartier, l’équivalent de 25 à 30 heures par semaine, le temps de me trouver un vrai travail dans mon domaine. Finalement, je me suis retrouvée à faire des semaines de 47 heures (47 sur papier, donc 52 heures dans la vraie vie, quand on considère l’overtime). Je fais des journées de fou, qui se résument à courir partout, monter et descendre les escaliers du resto 617 fois par jour, terminer à 1 h du matin, recommencer à 10 h le lendemain (matin!), manger du junk food 12 fois par semaine, oublier (ou ne pas avoir le temps!) de m’hydrater correctement et répondre avec un sourire niais et une honte indescriptible « Euh, pas grand chose » à la terrible question « Qu’as-tu fait durant ta journée de congé? », parce qu’évidemment, je n’ai aucune énergie pour faire quoi que ce soit dans ma seule et unique journée de congé de la semaine. Je n’ai pas la force, ni physique, ni mentale, (en plus de manquer considérablement de temps) pour rédiger quoi que ce soit sur le blog.

En vain


Dans mon cas, mes rares journées de congé se résument à faire, refaire, défaire, écrire, réécrire et réarranger mon CV pour l’envoyer à des cinquantaines d’endroits différents, en espérant, en vain, d’avoir un retour d’appel. Mais, cet appel, il ne vient jamais. Cet appel que j’attends impatiemment, il draine mon énergie et ma confiance en moi. J’ai l’impression de ne plus avoir de valeur ici. Mon expérience et mes compétences, aussi joliment puissent-elles être présentées sur mon CV, peinent à trouver leur chemin sur les bureaux des recruteurs avant de prendre la direction de la corbeille. 

J’ai l’impression que le temps passe trop vite et que je perds de précieux moments de ma vie ici. Les semaines s’enchaînent rapidement sans qu’il ne se passe rien, les week-ends sont interminables (jamais je n’aurais cru dire ça!) et les recruteurs ne travaillent pas durant ce temps. J’attends hâtivement les lundis, en espérant voir apparaître un courriel dans ma boîte de réception disant que ma candidature a été retenue quelque part ou seulement une notification m'indiquant que mon profil LinkedIn a été consulté par un chasseur de tête. 

Crédit : Giphy


Sleepless in London


À travers tout ça, il y a ma grande amie, l’insomnie, qui vient me rendre visite à toutes les (courtes) nuits. Grâce à elle, j’ai mal à mon corps, j’ai de la difficulté à me concentrer et je ne vois plus clair. Je me surprends à me dire à quel point je suis fatiguée alors que je suis couchée dans mon lit, les deux yeux fermés, en plein milieu de la nuit, incapable de trouver le sommeil pendant que mon coeur palpite sans arrêt et que les pensées s’enchaînent à la vitesse de l’éclair dans ma tête.

Crédit : Giphy

Puis, j’ai fait une crise de panique à mon travail, il y a quelques semaines. Je n’en pouvais plus. Je n’avais plus de repères. Je ne voulais pas en parler à personne. 

J’ai cessé d’écrire. J’ai volontaire ignoré les notifications de ma page Facebook. Je n’avais plus la capacité, mentale et physique, pour entretenir ma propre santé, alors entretenir un blog, c’était inimaginable. (Je m’excuse d’ailleurs, énormément, auprès des lectrices avec qui je conversais pour cet arrêt brusque et sans explication.) Je ne voyais plus la fin. Ce n’est définitivement pas la vie rêvée que je m’étais imaginée à mon départ du Québec. J’ai passé un week-end (plutôt un 21 heures de congé entre mon shift du mercredi et du jeudi) à pleurer sans arrêt. Je me suis mise à chercher des billets d’avion pour revenir à Montréal. 

Je me rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, j’enviais les gens qui avaient un horaire de travail atypique, une journée de congé un mardi et supposément aucune pression à l’extérieur des heures de travail. Je trouvais mon 9 à 5 au bureau si insipide, même si j’adorais mon emploi. Aujourd’hui, je donnerais beaucoup pour pouvoir retrouver cette stabilité.

Reprendre le dessus


Crédit : Giphy

J'ai la chance d'avoir des merveilleux confidents, même s'ils sont de l’autre côté de l’Atlantique. J’ai trouvé des pilules pour l’anxiété (en vente libre en pharmacie!). J’ai commencé à faire de la méditation et de la visualisation (merci YouTube pour ton contenu si diversifié) et je me suis mise à écouter différents podcasts de croissance personnelle (je m’assume COMPLÈTEMENT). Et surtout, je me suis rappelée tout le chemin que j’ai fait jusqu’à présent et j’ai réalisé que je ne pouvais pas quitter maintenant. 

Si je partais aujourd’hui, que me resterait-il? J’aurais uniquement mis ma vie montréalaise sur pause durant quatre mois à servir des plats graisseux? Aussi bien être serveuse aux Trois Brasseurs sur St-Denis (et faire beeeeeeen plus de pourboires). Sans offense pour les serveurs du 3B (if anything, j’ai seulement le plus grand respect pour eux), mais je n’ai pas tout quitté pour ça.

Je vais continuer. Je n’arrêterai pas. J’ai encore tant de choses à voir et découvrir dans mon Royaume. Montréal, je t'aime bien (surtout que tu as maintenant une nouvelle mairesse huhu), mais je ne reviendrai pas de sitôt. 

Londres n’a qu’à bien se tenir, car je ne quitterai pas. En espérant que tout ça explique bien mon absence Au Royaume, et que ce billet envoie un message à l’univers pour faire bouger les choses!

Allez, on se revoit très bientôt dans un prochain billet! 

Je vous laisse sur cette chanson plutôt de circonstance de Florence + the Machine, Dog Days Are Over, que j'écoute en écrivant ces lignes (et qui me donne espoir!).

La bise x


6 commentaires :

  1. Wow, bravo de t'exprimer comme ça, sur des choses vraiment pas faciles à vivre. D'une fille anxieuse à une autre, je te conseille vivement le podcast de Brooke Castillo, The life coach school podcast, au cas où tu ne le connaissais pas déjà. Ça m'a tellement aidé, c'est juste fou. Bonne chance pour la suite! :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh wow! Merci de la suggestion! Je vais assurément l'écouter, j'aime tellement les podcasts dans ce genre! :D

      Supprimer
  2. Mon dieu que je me suis reconnue dans plusieurs passages... Pour faire une histoire courte, en 2016 quand je suis revenue tout ce qui m'avait charmé (sauf mon amoureux) semblait voir disparu. Tout était plus lourd, plus difficile, je me demandais si j'avais pris la bonne décision. Finalement ça s'est replacé quand on a emménagé ensemble mon amoureux et moi, après 2 mois chez sa famille. Aussi, la recherche d'emploi est TRÈS difficile. De janvier à avril j'ai envoyé des centaines de cv et PERSONNE ne m'a répondu. Dans des tas de domaines, avec mes diplômes et tout et NIET NADA. C'est après ça que j'ai décidé de devenir prof de langue et depuis ça va bien. J'ai un peu perdu espoir de travailler dans «mon domaine» ici mais finalement donner mes cours est devenu mon nouveau domaine. Je répète encore que déménager dans une ville qui nous a charmé ne se passe que très rarement comme on l'imaginait. Les obstacles pour s'intégrer sont énormes même si on peut penser le contraire quand on ne le vit pas.
    L'anxiété est un boulet aussi et c'est beau de voir que tu es en mode solution. Tu as trouvé des trucs ça semble mieux aller. Bon courage, c'est un gros défi changer de pays/vie!!! <3 <3 Bisous du Chili! :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Awwww merci Eli! Ça me réconforte tellement de te lire! Ton quotidien doit tellement être plus challengeant! Je veux dire, c'est vraiment plus un choc culturel que de mon côté. Je te trouve vraiment courageuse et tu m'inspires énormément xxxxx

      Supprimer
  3. On rêve toujours de partir pour l’aventure et la découverte, mais il arrive qu’on tombe plutôt au détour d’un jour sur des recoins cachés de soi. En Chine, j’ai vécu ainsi une crise de panique de trois jours et trois nuits, tombée sans crier gare.

    Celle qui voyage en toi, c’est aussi une immigrante dont les compétences ne sont pas reconnues et qui doit se définir autrement, se réinventer avec profusions d’astuces, de refuges, de nouvelles relations, de nouveaux mode d’appréhender la vie de tous les jours. Bref, au bout du compte, mais pas sans pleurs et grincements de dents, un trésor pour le reste de la vie. Tu as déjà fait le plus dur avec cran : choisir de rester. Bon courage. Pierre Guay.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour ces bons mots, Pierre, j'apprécie énormément. J'ai réfléchie toute la semaine à ce que tu as écrit sur le fait que je sois immigrante ici, et on dirait que j'accepte plus facilement ma situation en me voyant ainsi. Merci de me lire! xx

      Supprimer