Laisser tomber sa vie

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Nombreux sont ceux qui m’ont demandé pourquoi j’avais décidé de faire le saut, de laisser tomber ma vie à Montréal et repartir sans rien de l’autre côté de l’Atlantique. Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt, alors que j’étais encore à l’école et que je n’avais aucune responsabilité?

Je l’avoue, tout laisser tomber n’a pas été si simple. J’aimais ma vie montréalaise, mon travail et mon quartier. Disons-le, j’étais confortable. Je me suis d’ailleurs moi-même reproché de ne pas avoir fait le grand saut plus tôt; ça aurait été beaucoup plus simple ainsi. Pourtant, aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir attendu avant de quitter pour cette grande aventure. 

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J’ai beaucoup plus d’expérience, je peux oser espérer me trouver un emploi dans mon domaine et bien gagner ma vie, ce qui n’aurait pas nécessairement été le cas si j’avais quitté à 19 ans. Je suis beaucoup plus allumée qu’à cet âge d’ailleurs et je sens que ma débrouillardise et mon instinct de survie sont d’autant plus développés qu’à la fin de mon adolescence. En plus, en 2006, la technologie n’était pas ce qu’elle est présentement; je n’aurais pas eu de page Facebook, d’Instagram stories, de WhatsApp ou de Google Map (qui me sauve régulièrement les fesses depuis mon arrivée) pour me faciliter la vie. HA!

• Oui, c’est vrai, j’ai tout quitté, mais je n’ai pas tout perdu, voilà l’importante nuance. Avec l’expérience de travail et les études que j’ai, il me sera toujours possible de me trouver un emploi dans mon domaine à Montréal. Peut-être pas le même que j’avais avant de quitter, soit, mais un boulot similaire, avec des conditions de travail semblables, ce sera toujours possible.

• Oui, j’ai vendu mes électroménagers et je me suis départie de plusieurs meubles. Ce n’est que des biens matériels; j’en rachèterai! 

• Non, je ne verrai plus ma famille et mes amis avant un bon bout de temps. Je vais effectivement m’ennuyer, mais lorsque je reviendrai au pays, ils seront toujours là, malgré le temps et la distance. Puis en attendant, la bonne nouvelle, c’est que Skype existe!

Plusieurs personnes m’ont dit que j’étais courageuse de partir, de laisser toute ma vie derrière moi. Je crois qu’il faut plutôt relativiser. J’ai simplement tourné la page et entamé un nouveau chapitre de ma vie. Un chapitre complètement inconnu, parfois terrifiant, mais souvent excitant.

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Alors que j’hésitais à faire le saut, une amie m’avait dit « Tu pourras toujours ravoir ta vie; revenir à Montréal, te trouver un emploi et un appartement. Tu ne pourras toutefois pas toujours avoir la chance de partir au Royaume-Uni. » Et puis, après tout, je suis toujours bien juste à un billet d’avion de retourner vivre dans le sous-sol, chez mes parents!

Alors, qu’attendez-vous?